Quels sont les risques de l’intervention ?

Cette opération est bien codifiée et de réalisation courante, mais reste une intervention lourde, difficile et comprenant un taux de complications important.
Il peut s’agir comme dans toute opération chirurgicale de certaines complications comme une réaction à l’anesthésie, une infection, un saignement, une plaie d’un organe abdominal, surtout lorsque la dissection chirurgicale est difficile.

Les modifications locales découvertes lors de l’intervention ou l’apparition d’une complication inattendue peuvent conduire votre chirurgien à modifier l’intervention initialement prévue afin de tout mettre en œuvre pour remédier aux difficultés rencontrées. Les risques de l’intervention sont de deux types. Il y a les risques communs à toute intervention lourde, c’est-à-dire des risques liés en grande partie à la durée de l’intervention et à l’alitement post opératoire.

Ce sont les risques d’infections urinaires, de phlébites et embolies pulmonaires, les défaillances cardiaques et respiratoires.
Ces risques sont en nette diminution grâce au dépistage préopératoire (consultation anesthésiste, cardiologue, pneumologue), grâce à la préparation préopératoire (kinésithérapie, réalimentation) et grâce à une meilleure prise en charge péri opératoire (unité de soins intensifs, prophylaxie anti thrombotique, kinésithérapie précoce, traitement de la douleur).

Par ailleurs il y a les risques spécifiques, c’est-à-dire qui sont liés au type d’intervention pratiquée. La principale complication en terme de gravité est la fistule anastomotique, qui se définit comme le passage de liquide digestif en dehors du tube digestif. Ces fistules ont différents stades de gravités. Le plus fréquemment, il s’agira de laisser quelques jours de plus les drains avec des écoulements par la fistule qui se tariront progressivement spontanément.

Parfois, il sera nécessaire de positionner un nouveau drain par voie interventionnelle (sous scanner par les radiologues ou par la bouche par les gastro-entérologues) et rarement, il sera nécessaire de réinterventir chirurgicalement. Les autres complications sont les troubles de la cicatrisation et les difficultés à la réalimentation. Ces risques sont aussi majorés par la dénutrition préopératoire, par les troubles respiratoires préopératoires et par les antécédents du patient. On évoquera aussi le risque d’hémorragie (de saignement) pouvant survenir en période post-opératoire et pouvant parfois conduire à devoir réintervenir chirurgicalement ou en endoscopie par les gastroentérologues. La perte de poids en période post-opératoire d’une gastrectomie totale est associée dans 65 à 80% des cas à amaigrissement transitoire de 5 à 10% du poids du corps. Cet amaigrissement se corrige partiellement au-delà d’un an, il se stabilise environ à 5% sous le poids de forme sauf en cas de récidive tumorale.

L’estomac a deux fonctions essentielles, motrice et sécrétoire. La réduction de la sécrétion gastrique n’a pas de conséquence majeure, les enzymes pancréatiques et intestinales permettant une digestion satisfaisante des protéines. Toutefois la gastrectomie réalise une altération des fonctions motrices et de la fonction réservoir de l’estomac.

Cela entraîne une altération du débit et de la taille des fragments alimentaires passant dans l’intestin grêle. Les séquelles alimentaires pouvant survenir après l’intervention de gastrectomie sont liées à l’étendue de l’exérèse gastrique. La réduction ou la suppression de la poche gastrique oblige à fractionner l’alimentation, afin de diminuer l’inconfort post-prandial. Il est conseillé au patient gastrectomisé d’éviter les repas abondants, de faire 6 à 7 petits repas quotidiens, d’éviter de boire au cours du repas. Les douleurs survenant à la prise alimentaire sont marquées par une sensation de gêne épigastrique (sous le sternum) et de dyspepsie (mauvaise digestion).

Le patient signale une tension épigastrique après le repas pouvant être liée à la taille réduite de l’estomac ou à une stase alimentaire dans le moignon gastrique par retard d’évacuation. Des vomissements bilieux par reflux en raison de l’absence de la fonction régulatrice du pylore (à la sortie de l’estomac) peut être responsable d’une symptomatologie de reflux gastro-œsophagien associé à des brûlures œsophagiennes. Des diarrhées essentiellement liquides peuvent être liées à l’absence de sécrétion acide et seraient également secondaires à l’apport brutal du contenu gastrique et de sa prolifération bactérienne dans les anses grêles.

Le mécanisme n’en est pas clairement élucidé. Le dumping syndrome, phénomène classique après gastrectomie, est lié à l’inondation jéjunale par un bol alimentaire hyper osmotique entraînant une distension jéjunale, un appel d’eau vers l’intestin et une sécrétion importante d’hormones (kinine, sérotonine). Il est responsable de troubles digestifs, de douleurs, de nausées, de diarrhées, de troubles neurologiques à type de malaise et de troubles circulatoires responsables de sudation, pâleur ou rougeurs. Il survient précocement au cours ou au décours d’un repas. Les hypoglycémies peuvent survenir tardivement (de une à 3 heures) après le repas.

Elle serait liée à une réaction d’hyper-insulinisme à la suite d’une hyperglycémie provoquée par le passage trop rapide du bol alimentaire dans l’intestin. En cas de gastrectomie totale, la carence en facteur intrinsèque entraîne une anémie macrocytaire par déficit en vitamine B12. Elle apparait dans les années suivant la gastrectomie lorsque les réserves vitaminiques sont épuisées. Cette carence en vitamines se supplémente très facilement par une injection mensuelle à vie de vitamine B12.

La liste des complications n’est pas limitative mais il est important de comprendre qu’un des objectifs de la consultation pré-opératoire est de permettre à votre chirurgien de mettre en balance les risques que vous prendriez en n’étant pas opéré avec les risques inhérents à une intervention. Si une indication opératoire a été retenue, à contrario de la chirurgie esthétique, c’est très vraisemblablement qu’il y aurait plus de risque à surseoir à une intervention. En cas de doute de votre part, n’hésitez pas à demander des précisions à votre chirurgien.